Je me souviens de mon grand-père, « Poppa », lorsque nous passions nos étés à Charlottetown, dans l’Île-du-Prince-Édouard, où il vivait. Il m’emmenait pêcher à « Wisner’s Pond » tôt le matin, m’apprenant à appâter les hameçons et à débarquer un poisson. La truite fraîche poêlée reste encore aujourd’hui un délicieux souvenir. Ma grand-mère et lui vivaient dans cette merveilleuse vieille maison avec des escaliers à l’envers et des pièces cachées, un endroit passionnant et mystérieux à explorer quand on est enfant. Poppa s’occupait également de la plus belle roseraie… Ce n’est qu’à l’âge adulte que j’ai pu apprécier le rôle de mon Poppa en tant que membre de l’armée canadienne. Il a participé aux combats de la Somme, de la colline 70 et de Passchendaele. Il a été blessé deux fois, a été gazé à la colline 70 et a reçu la Médaille militaire pour bravoure à la crête de Vimy pour avoir maintenu la communication sous le feu de l’ennemi. Il s’est réengagé en 1940 et s’est rendu en Angleterre où il a été promu lieutenant-colonel. Il a le privilège d’escorter la reine Elizabeth lorsque celle-ci et le roi George VI inspectent les transmissions de la 3e division à Farnborough, en Angleterre. Son navire est torpillé alors qu’il fait route vers l’Italie (sans perte de vie), et il commande ensuite le bataillon de renfort lors de la campagne d’Italie. À son retour à l’Île-du-Prince-Édouard, au Canada, il a été nommé administrateur de district des affaires des anciens combattants. Mon grand-père n’a jamais parlé de ces événements, et je n’ai jamais pensé à lui dire « Merci pour ton service ». Comme beaucoup d’autres, mon grand-père, le lieutenant-colonel Frank Benjamin Conrad, était l’un de ces héros discrets qui ont contribué de multiples façons à la préservation des droits et des libertés des citoyens du Canada et d’autres pays.